top of page
Photo du rédacteurCouli artiste énergéticienne

Mes années Japon: les masques de théâtre Nô

Je suis retournée dans l'antre de mes songes et ai renoué avec mes années de japonisme inavoué et secret.


En février dernier à la Philharmonie, étaient données des représentations, soir après soir tantôt d'oeuvres comiques de kyôgen, tantôt d'oeuvres graves de , et là je voudrais te parler de car l'heure est graaave...

Si tu me connais, ou si tu as vu mon site, tu as peut-être vu des photos de mes masques, des masques souvent austères, des masques de théâtre  能面

koomote, ma toute première céation

Dans ma vie antérieure (d'avant 2006 après JC), je vivais à Kyoto au Japon et j'ai pendant 7 ans créé des masques de , sous la tutelle d'un maître, Maitre Kagita Geiun 鍵田芸雲

C'était mon dada (non je ne suis pas montée sur son dos!!), mon jardin secret, ma sève. J'ai adoré tous ces samedis au temple (à Nakagyo-ku) avec le Maître et ses disciples, dont j'étais la dernière recrue, la disciple exotique. Mais que pouvait-elle donc bien chercher ici?

Je ne le savais pas moi-même, probablement déjà en quête de mes nombreuses facettes, tantôt Koomote 小面, jeune fille prude, tantôt dôji 童子, jeune homme (oui j'étais dans ma phase androgyne), tantôt Okina 翁, grand-père sage parmi les sages...


Mon maître a été d'une patience et d'un dévouement sans faille et parfois en dehors des cours il m'emmenait découvrir des temples, des expos d'artistes et voir du !!

Voir du 能, c'est pas seulement voir. C'est toucher à tous les sens et à l'âme!


Je n'étais pas forcément préparée, lorsqu'il m'a emmenée pour la première fois au théâtre de Kyoto, près du musée d'art moderne à Okazaki, au théâtre Kanze Kaikan.

Pour faire coïncider ce que j'ai vécu à ce moment-là et ce que j'ai ré-expérimenté à la Philharmonie au XXI ème siècle, je te fais un petit topo sur le déroulement d'une pièce.

Les acteurs sont tous des hommes et portent des masques divers, dont des masques de femmes, de la jeune fille prude de 15-16 ans à la vieille femme aigrie tournée en "sorcière" démoniaque..

Le répertoire est figé depuis longtemps et pour beaucoup on assiste sur scène à ...un exorcisme!! No kidding!

Ce que j'adore c'est que le choeur et l'orchestre de maximum 5 musiciens montent sur scène et incantent et jouent la musique (si tu as une heure devant toi...regarde la vidéo du lien)

On a tous les sens en éveil!

Un des personnages aura été troublé puis en proie à l'amertume d'un serment non tenu par exemple et son âme tourmentée reviendra hanter le vivant à l'origine de cette tourmente.


Il ne faut pas non plus s'en étonner car à l'origine ce genre de représentation était donné sur la scène des sanctuaires shinto, c'était donc une représentation à caractère spirituel en relation avec les esprits.


Malheureusement le texte est en vieux japonais et très opaque aux Japonais d'aujourd'hui, mon maître de masques y compris. On lit donc à l'avance la brochure qu'on nous a remise à l'entrée qui résume en japonais moderne l'intrigue, si on ne la connaît pas déjà, car beaucoup sont des classiques.

Moi je n'y connais encore rien, je suis novice (le kabuki par contre j'en ai vu et revu!! Mais rien à voir, c'est beaucoup plus abordable à un public moderne), alors je lis le résumé et j'attends que les lumières s'éteignent, il fait une chaleur à crever! On est en 1997, la clim est pourtant déjà partout depuis longtemps, mais pas au Kanze Kaikan, faudra les prévenir à la sortie...


Bref, sur le pont menant au plateau apparaît, telle un mirage, une jeune femme en kimono de brocart (euh oui OK, chut! j'ai vu que c'était un gros bonhomme déguisé avec un masque de jeune fille qui laisse apparaître son double menton, mais que néni, j'ai décidé d'y croire!). L'heure est grave, je ne me souviens plus de l'intrigue mais elle a un gros problème qui va la mener à se faire exorciser à la fin, elle est tourmentée par ses pensées impures et elle meure avant d'avoir expié. Alors on fait venir une prêtresse shinto réputée pour venir à bout de n'importe quel démon.


Là tu vois, entre la moitié de la pièce et la fin où le choeur surenchérit avec les taïko (tabours d'épaule ou de hanche) il y a eu un TIME SLIP, un moment ou 80% de l'audience a été téléportée dans ses rêves et a donc été absente de la salle, évaporée. Le reste qui s'est accroché est resté alerte jusqu'au bout... et on s'est tous rejoints au moment crucial de ce désenvoutement public, mis en scène. Ils avaient besoin de nous, de notre soutien, pour arriver au bout du bout!

Mon maître est lui aussi revenu à lui, ouf! Je craignais de devoir rentrer toute seule...


Pour en revenir à la soirée à la Philhamonie de Paris, j'y suis allée avec mes filles qui n'ont pas encore développé leur culture japonaise, et ça nous a mises au diapason, a fait vibrer la corde d'ADN, un truc un peu hors du temps qui nous a alignées.

Je me suis retrouvée 20 ans en arrière avec Maître Kagita et même si ce n'était pas la même pièce jouée, j'ai aimé reconnecter avec ce pan de ma vie, avec cet aspect de moi car j'ai adoré toutes ces années à découvrir et nourrir cette facette encore inconnue de Couli chan qui était déjà en place. J'aurais pu apprendre la cérémonie du thé, la calligraphie- moi qui adore écrire les kanji!! Mais non, c'est tombé sur les masques, je me suis laissée guider et j'ai adoré!


J'ai longtemps pensé que j'avais choisi les masques pour me planquer derrière, tu sais, la Française qui s'assume pas et préférerait mille fois plus être Japonaise pour se faire accepter et aimer davantage?

Bon j'ai ce syndrome, vu, connu, identifié.

Mais je vois que cela va bien au-delà!

Le masque qui sert à incarner et endosser la personnalité de l'âme errante permet son désenvoutement, la libération de ses tracas, et à travers ces séances l'âme renaît à elle-même. Je sais qu'inconsciemment c'est aussi la raison pour laquelle j'ai cherché à en être l'outil. Je sculpte mes différentes facettes même si je ne les reconnais pas encore, et ce faisant je l'incarne et transmute ce qui doit l'être dans ma vie-en parallèle.


Lascaux 5, le shaman avec son masque relevé sur la tête, apparu tel quel sans que je ne cherche à le manifester

D'ailleurs, ce qui me fait aussi penser cela est le shaman littéralement apparu sur ma toile "Lascaux5 ": je le vois avec ce masque de jeune fille de type koomote relevé sur la tête et je me reconnais pleinement en lui. Time slip!


Si ça te fout les pétoches, je t'invite à lire mon article sur les poupées dont les cheveux continuent à pousser...LOL


PS: je signais déjà l'intérieur de mes masques en bois Couli en kanji! celui de la châtaigne...栗

29 vues0 commentaire

Comments


bottom of page